Nation mal interprétée et la généalogie du minzu en Chine

Dans le cadre de son cycle de conférence des Matinées constitutionnelles 2015-2016, le Regroupement Droit, changements et gouvernance est heureux de présenter Nation mal interprétée et la généalogie du minzu en Chine. Cette conférence sera présentée par An He, doctorant en droit, Université de Montréal, et Jean Leclair, Professeur titulaire, Université de Montréal.

Résumé de la conférence :

La notion de nation, comme d’autres concepts modernes, provient de l’importation de l’Occident en Chine par la traduction des langues occidentales, mais notamment de la langue japonaise. Sa version chinoise, à savoir minzu emprunte directement du Kanji minzoko en même caractère. Or, l’interprétation japonaise de la notion de nation a été aussi embarrassée par les deux connotations d’origine européenne: la connotation civique française et la connotation ethnique allemande. Il semble inévitable qu’une transmission conceptuelle d’un contexte socio-culturel à l’autre s’écarte de son sens original, notamment lorsque ce concept lui-même revêt une ambiguïté. Le minzoko dans un État uni-national s’est vu donc dissoner avec un empire multi-national. Le minzu, dès lors, oscille entre le porteur de la souveraineté et le groupe ethno-culturel réclamant éventuellement la souveraineté. En effet, cette ambiguïté agite et conditionne la politique identitaire dans la construction nationale. Avant 1949, elle permet aux élites chinois de manipuler cette notion indéterminée selon les circonstances pour qu’elle s’adapte à leurs prétentions politiques à la recherche de la modernité chinoise. La stalinisation du concept après la prise du pouvoir des communistes a aggravé la perplexité sémantique. En somme, le mot minzu, dès son introduction en Chine, joue un rôle appréciable dans la construction, la transformation et la destruction de l’identité nationale.

Ce contenu a été mis à jour le 3 décembre 2015 à 16 h 10 min.

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